Dans tout parcours, professionnel ou personnel, l’expérience joue un rôle central étant donné l’engagement de soi qu’elle demande. Elle est à la fois ce que nous vivons ET ce qui, sous certaines conditions, participe à notre transformation. En tant que coach en entreprise, je constate chaque jour combien « faire expérience » est un moteur d’apprentissage, mais aussi comment cela « façonne » en retour.
L’expérience est avant tout un acte volontaire. Par ce biais, nous apprenons en testant, en osant, en sortant de notre zone de confort, en affrontant l’inconnu et la peur associée. Dans le monde professionnel, chaque prise de décision, chaque interaction, chaque projet est une occasion d’expérimenter, de faire du nouveau, d’entrer dans un « nouveau commencement ». C’est en faisant que nous comprenons ce qui fonctionne, ce qui doit être ajusté et comment progresser.
« Faire comme d’habitude donne les résultats habituels » rappelle Robert Dilts. Expérimenter, c’est oser quelque chose de nouveau pour de nouveaux résultats.
Expérimenter, oser, c’est aussi l’acceptation du droit à l’erreur. Les managers et les dirigeants qui s’autorisent à essayer, à tester de nouvelles approches, développent une culture d’apprentissage et d’innovation, une culture de la confiance et de l’oser aller de l’avant. Pour les collectifs, expérimenter, oser le nouveau ensemble participe à la création de la coresponsabilité, élément fondateur d’une riche puissance collective.
Également, l’action précède souvent la compréhension : c’est en s’engageant dans l’expérience que nous affinons nos compétences et notre savoir-faire. Comme le rappelle Christophe Dejours, « la performance est avant la compétence ».
L’expérience « me fait », en retour
En faisant l’expérience, nous nous ouvrons à la possibilité d’être transformés par celle-ci. En effet, dans une dynamique d’apprentissage continu, chaque situation vécue va laisser son empreinte sur notre manière de penser, de réagir, d’interagir avec les autres. Elle va venir modifier nos perceptions (« la réalité est constructive », Paul Watzlawick) et contribuer au remaniement permanent de notre identité professionnelle et personnelle.
En management, par ce processus d’engagement dans l’expérience, dans l’oser essayer, dans l’apprendre à apprendre à faire autrement, un levier de maturité se crée. Un leader aguerri est souvent celui qui a traversé des situations complexes, qui a su tirer des enseignements de ses erreurs et qui a appris à s’adapter. Rappelons ici que si l’adaptation est un trésor, l’inadaptation et la suradaptation sont des périls à éviter autant que possible.
Ce vécu de l’expérience va ainsi développer notre intelligence situationnelle, cette capacité à appréhender un contexte, à anticiper les enjeux et à prendre des décisions avisées. Entrer dans l’expérience nous rend donc plus compétents et plus agiles.
En conclusion
L’expérience est un échange constant entre ce que nous vivons et ce que cela fait de nous, si nous acceptons de tenir compte de l’enseignement qui s’y cache. En entreprise, comme dans la vie, il ne s’agit pas seulement d’accumuler des expériences, mais de savoir les intégrer, les comprendre et en tirer des enseignements. Car si nous faisons l’expérience, c’est bien elle, en retour, qui nous façonne. D’où l’importance de bénéficier de temps de prise de recul, de prise de hauteur (coachings individuels et collectifs) grâce auxquels notre conscience s’élargie au bénéfice d’une meilleure performance et d’un possible épanouissement personnel par le travail.
Bibliographie
Jacques Lusseyran, Le monde commence aujourd’hui
Franck Terreaux, Etre sans le dire
Tony Parsons, Ce qui est
« L’expérience de chacun est le trésor de tous », Gérard de Nerval