Souffrir au travail n’a rien d’exceptionnel. C’est même devenu si courant que le risque serait de banaliser cette souffrance. Et pourtant, la banaliser reviendrait à dire qu’elle n’est ni grave, ni problématique. Ce serait une erreur. Car la souffrance au travail est tout sauf anodine.
Elle mérite qu’on s’y attarde, qu’on l’écoute, qu’on s’en préoccupe. D’abord parce qu’elle empêche l’épanouissement des individus. Ensuite, parce qu’elle affecte directement la qualité du travail et les résultats de l’entreprise. Enfin, parce que derrière cette souffrance se cache un potentiel en attente de se libérer.
Alors, comment comprendre cette souffrance ? D’où vient-elle ? Et surtout, que peut-on faire pour la transformer ?
Deux origines principales : l’ une personnelle, l’ autre collective
1. Une souffrance d’origine personnelle
La souffrance au travail peut venir d’une difficulté dans la relation à soi :
• perte de sens dans les missions réalisées,
• démotivation globale,
• sentiment de ne pas être à sa juste place (syndrome de l’imposteur ou autre),
• auto-exigence excessive, attentes envers soi étouffantes,
• croyances négatives sur soi-même, pensées automatiques péjoratives
Cette souffrance peut également se ressentir sous la forme d’une anxiété sourde, d’une perte de confiance en soi, en l’autre et en la vie. Cela se voit souvent lorsqu’on perçoit un écart jugé infranchissable entre qui nous sommes ici-maintenant, et qui nous aimerions être ou projetons de devenir.
Ce sont des ressentis intimes, souvent silencieux, mais très puissants.
2. Une souffrance d’origine relationnelle ou organisationnelle
D’un point de vue collectif, d’autres facteurs viennent nourrir la souffrance :
• relations tendues avec les collègues, la hiérarchie, ou les bénéficiaires, voir violence verbale…
• sentiment d’isolement, de solitude, ou bien encore de « mise au placard »
• absence de soutien hiérarchique,
• management toxique,
• situations de bore-out, burn-out, ou de désengagement profond.
Et puis, il y a le système lui-même…
L’ organisation du travail : un facteur clé
L’organisation du travail a une influence directe sur la qualité de vie et la performance. La question centrale pourrait être la suivante :
Est-ce que l’organisation du travail permet à chacun d’exprimer sa singularité, et de révéler et exprimer son plein potentiel, ou bien réduit-elle les individus à des exécutants remplaçables ?
Dans trop d’environnements, les personnes ne sont plus vues comme des richesses humaines, mais comme des fonctions. Ce n’est pas un hasard si les formations sur le stress ou la gestion des conflits sont autant demandées…
Et maintenant ?
Face à cette souffrance, le coaching professionnel peut-il être un levier de transformation ? Comment peut-il accompagner les personnes et les organisations à réinventer leurs pratiques et leurs relations ?
C’est ce que nous verrons dans le prochain article.
bibliographie
Souffrance en France, Christophe Dejours
Le travail, les raisons de la colère, Vincent de Gaulejac
Exister, Résister, Pascal Chabot